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En cette période de pandémie et de confinement, difficile de ne pas laisser la peur envahir notre esprit. Alors afin de supporter cette triste réalité et maintenir malgré les circonstances un certain bien-être, avoir le sens de l’humour, sous quelque forme que ce soit, est signe de bonne santé mentale. Comme l’analysait Freud, « l’humour est un processus de défense, une sorte de pendant psychique du réflexe de fuite dont la tâche est de prévenir la naissance du déplaisir »…
Humour noir et autodérision
L’humour noir consiste à évoquer avec détachement, voire amusement, les choses les plus horribles ou les plus contraires à la morale en usage. Il établit un contraste entre le caractère bouleversant ou tragique de ce dont on parle et la façon dont on en parle. Prenons quelques exemples. L’acteur et réalisateur Roberto Benigni a délibérément choisi ce contexte pour faire rire dans son film La vie est belle paru en 1997. Il expliquait alors que « le germe de l’espoir se niche jusque dans l’horreur ; il y a quelque chose qui résiste à tout, à quelque destruction que ce soit. » Dans un tout autre registre, l´humoriste Jérémy Ferrari n’hésite pas à se moquer des handicapés. Pour coller au mieux au sujet, il fait régulièrement appel dans ses sketchs à un autre humoriste, Guillaume Bats, atteint d'une forme grave d'ostéogenèse imparfaite qui a pour conséquence une petite taille et des malformations sévères. C'est avec autodérision que celui-ci s'est prêté au jeu en mettant en avant la pitié que les personnes handicapées peuvent susciter. Citons également le film Intouchables, qui malgré des propos crus et emprunts d’humour noir comme : « Pas de bras, pas de chocolat ! », a fortement contribué à sensibiliser le public valide sur le handicap et à lever les tabous. Les personnes invalides, elles-mêmes, ne sont pas avares d’humour !
L’humour pour mieux « accepter »
« Plus cancéreux que moi, tu meurs » – ironisait Pierre Desproges… Cela parait impossible, par exemple, de continuer à sourire lorsque l’on est atteint d’une maladie grave et pourtant… Exemple personnel: à l’âge de 45 ans, on m’a diagnostiqué une tumeur cancéreuse dans la gorge. A l´annonce de cette nouvelle, deux solutions s´offraient à moi : m´apitoyer sur mon sort ou bien réagir de manière positive en acceptant la maladie et en développant une stratégie pour pallier aux différentes peurs qui m´envahissaient. J´ai choisi la deuxième solution. En effet, pour mieux supporter le cocktail décapant prescrit par les médecins (interventions chirurgicales, rayons, chimiothérapie), et afin d´affronter les longues journées à subir les effets secondaires des traitements, je visualisais en boucle des films et sketchs comiques, notamment celui d’un humoriste dont le sketch sur le cancer provoquait en moi des fous rires, puisque – aussi sordide soit-il - le texte me rappelait les scènes terribles que je vivais au département d’oncologie. Par ailleurs, je me remémorais des passages cocasses de ma vie, j´écoutais des chansons gaies, et je plaisantais avec le corps médical et les autres patients. Cela m’a vraiment permis d’appréhender cette période avec nonchalance et détachement. Pratiquer l´humour, comme une gymnastique d´esprit quotidienne pour chasser les pensées négatives, m’a aidé à puiser de précieuses ressources et à ne pas abandonner le combat.
Humour et Coronavirus : contrer la psychose
Comme vous avez pu le constater, les parodies des discours du président de la République, les blagues autour du confinement et des pénuries diverses font florès sur les réseaux sociaux. En tournant cet épisode sanitaire en dérision, il nous est effectivement plus facile de dédramatiser la situation. L’humour est la capacité à prendre ses distances par rapport à la réalité, à considérer le monde avec un regard souriant. Rire est bon pour le moral, c´est indéniable. Tel un antistress, il procure une grande relaxation musculaire, elle-même à l'origine de ce sentiment de décontraction qui nous envahit après une bonne rigolade. D'après le neurologue Henri Rubinstein, une minute de rire équivaudrait à 45 minutes de relaxation ! D´un point de vue hormonal, il augmente la production des substances cérébrales, comme les endorphines, qui atténuent le stress. Même si nous traversons une période très difficile, il faut continuer à sourire, à manier l´humour, à rire de soi-même, pour éviter que l´adversité ne vienne prendre trop d’ampleur. Bien-sûr, l’humour n´est pas une panacée à tous nos problèmes mais c´est un moyen d‘expression positif, à exploiter sans modération. Nous vous laissons méditer cette citation de Nietzsche : « L’homme souffre si profondément qu’il a dû inventer le rire »…
Que pensez-vous des sujets graves traités sur un mode humoristique ?
L’humour vous aide-t-il à surmonter des périodes difficiles ? Vos témoignages nous intéressent !
Photo © Adobe – Auteur : Kira_Yan
charlotte4575, 03/26/2020