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Le regard des autres influence fortement notre façon d’être, ainsi que le crédit que nous nous accordons. Si pour certains, il est considéré comme un moteur, pour d’autres il est intimidant, déstabilisant, parfois accusateur. Le regard d’autrui oriente nos comportements et influence nos décisions. Mais on ne peut empêcher les autres de nous regarder et de nous juger. Nous aussi pouvons parfois le faire machinalement ou intentionnellement. Nous essaierons de comprendre dans cet article pour quelles raisons nous redoutons le regard des autres et constaterons combien notre égo est mis à l’épreuve. Enfin, nous verrons quelles méthodes adopter pour tenter de se libérer du poids du regard des autres.
Pourquoi redouter le regard des autres ?
Tout le monde peut ressentir de la gêne et du mal-être à être l’objet de jugements (souvent hâtifs) ou de railleries. Pourtant souvent, les autres n’accordent pas autant d’attention à nos faits et gestes qu’on pourrait le penser. Il importe de se poser les bonnes questions : et si notre attachement au jugement d’autrui émanait de notre propre tendance à juger les autres ? On peut effectivement émettre l’hypothèse que cette attention démesurée que l’on accorde au regard des autres est en réalité « auto-entretenue » par notre propre propension à émettre des jugements sur autrui… Et si nous jugions les autres par peur d’être jugé nous-même ? Chacun se base sur une échelle de valeurs qui lui est propre pour émettre ses jugements. A quoi bon se mettre martel en tête puisque nous ne saurons jamais au fond ce que les autres pensent réellement de nous… Dilapider notre énergie en tentant constamment de se fondre dans un moule et de susciter l’approbation générale conduira à la frustration et l’amertume. Ne vaut-il pas mieux concentrer son énergie dans des entreprises plus constructives ?
Notre égo mis à l’épreuve
Certes, il n’est jamais agréable d’essuyer des critiques ou des jugements négatifs : notre égo en prend un coup. Malgré tout, personne n’est parfait alors même si l’on vous juge négativement, quelle importance cela aurait-il ? Votre ligne de conduite ne pourra de toute façon jamais faire l’unanimité. Quelqu’un qui, à la base, a peu de confiance en soi, percevra plus douloureusement le fait d’être jugé et critiqué alors qu’une personne à l’égo surdimensionné n’y prêtera que peu d’attention. Tout réside dans l’amour propre de chacun et plus on accorde d’importance au regard des autres, plus on compte sur lui. En remettant notre propre valeur entre les mains des autres, alors qu’on pourrait utiliser ce regard extérieur pour se rassurer sur nos comportements et choix de vie, ne risque-t-on pas de bafouer littéralement notre estime de soi ?
Comment se libérer du regard des autres ?
Le regard des autres nous apprend combien la parole, le regard, le jugement des autres peuvent être dévastateurs. La parole est un moyen d’expression, et de communication très puissant : elle peut changer une vie, la propulser mais également la détruire. Ne pas être impacté par le regard des autres c’est aussi adopter soi-même un comportement bienveillant avec une absence de jugement. Admettre que les autres puissent penser différemment de vous, c’est aussi les respecter. Avec un minimum d’investissement personnel, on peut apprendre à se libérer de l’emprise du regard d’autrui, par exemple en se moquant de soi-même. C’est ce que la langue de Molière appelle l’autodérision : « Si vous pouvez apprendre à rire de vous-même, vous ne cesserez pas de vous amuser. » En effet, être capable de suffisamment bien se connaître pour se moquer de soi-même et ainsi rire de tout ou presque, peut s’avérer être une arme de défense bien utile pour aider les plus sensibles d’entre nous à mieux vivre le regard d’autrui. Mais attention, cette autodérision doit être réfléchie, pas question de se dévaloriser !
Pour finir, nous vous laissons méditer sur la théorie des 3 filtres de Socrate, lorsqu’un jour, quelqu’un vient trouver le grand philosophe grec et lui demande :– Sais-tu ce que je viens d’apprendre sur ton ami ?– Un instant. Avant que tu ne m’en dises plus, j’aimerais te faire passer le test des 3 filtres.– Les 3 filtres ?!– Mais oui, reprit Socrate. C’est ma façon à moi d’analyser ce que j’ai à dire et ce qu’on me dit. Le premier filtre est celui de la vérité. As-tu vérifié si ce que tu veux me dire est vrai ?– Non. J’en ai simplement entendu parler…– Très bien. Tu ne sais donc pas si c’est la vérité.Alors passons au deuxième filtre : ce que tu veux m’apprendre sur mon ami, est-ce quelque chose de bon ?– Ah non ! Au contraire.– Donc, continua Socrate, tu veux me raconter de mauvaises choses sur lui et tu n’es pas certain qu’elles soient vraies ?– Euh…– Pour finir, et c’est mon troisième filtre, est-il utile que tu m’apprennes ce que mon ami aurait fait ?– Utile, non, pas vraiment.– Alors, conclut Socrate, si ce que tu as à me raconter n’est ni vrai, ni bien, ni utile, à quoi bon m’en parler ?
Que vous inspire ce thème ? Êtes-vous sensible au regard d’autrui ? Ce regard vous permet-il d’avancer ou au contraire, influence-t-il de manière négative votre façon de penser et d’agir ?
Photo © Pixabay
Betty_Nelly, 03/25/2021