10 | 10835 Consultations
« Adolf Hitler n'est pas devenu Adolf Hitler car il s'appelait Adolf ? » ou bien « Y a Pétain qui nous tue les Philippe » ne sont que deux exemples des multiples répliques culte du film Le Prénom. Si jusqu’au XIXème siècle, le choix du prénom était très normé, il est désormais quasi libre. Selon les parents, les motivations sont variées mais en disent long sur leur histoire, leurs attentes. En tout cas, ce choix n’est jamais anodin et peut être lourd de conséquence : c’est le nom qu’un enfant entend le plus souvent pendant ses premières année de vie et c’est le nom qui le désignera toute sa vie. Petite réflexion sur le sujet.
Histoire du prénom
À l’origine et dans les petits groupes humains, il suffisait d’avoir un « nom » pour désigner son identité. En France, on retrouve les premières traces écrites du prénom au Moyen Âge où le nom de baptême est le nom principal de toute identité. À cette époque et jusqu’au XIXème siècle, les règles étaient simples : le parrain donnait son prénom à son filleul et la marraine le sien à sa filleule. Et si les parents n’arrivaient pas à se décider, l’Eglise proposait de donner le prénom du saint fêté le jour de la naissance de l’enfant. Les noms de famille ne font leur apparition que lorsqu'un besoin de différenciation émerge, dû à une hausse de la démographie par exemple, qui ne permet plus de différencier les personnes par leur seul prénom.
Pendant la révolution, de nouveaux prénoms voient le jour et en 1803 une loi vient réguler leur usage. Il faudra toutefois attendre le 12 avril 1966 pour que le choix du prénom commence à se libéraliser et finalement la loi du 8 janvier 1993 qui retire toute contrainte dans ce choix. Les refus sont rares et l’officier de l’état civil peut uniquement informer le Procureur de la République s’il lui semble que le prénom choix par les parents porte atteinte aux intérêts de l’enfant.
Les motivations du choix
En choisissant un prénom, les parents inscrivent leur enfant dans un projet familial, dans une histoire. Ce choix peut être purement narcissique – appelez son enfant comme son acteur préféré – mais il est bien souvent le fruit de pulsions inconscientes et/ou d’une volonté assumée. Au-delà de la simple attirance envers un prénom (choisi pour sa sonorité ou son originalité), se cache un attrait beaucoup plus profond où tout un imaginaire vient se loger. Ainsi, un prénom peut être un héritage : on appelle son fils comme le grand oncle qui a été résistant pendant la guerre en en ayant conscience ou pas.
L’étymologie du prénom joue aussi un rôle important : si le prénom choisi pour l’enfant signifie « paix » ou « lumière », il faut essayer de comprendre en quoi la famille est en quête de « lumière » ou de « paix » et si l’enfant à naître viendrait en fait combler ce manque.
Le prénom peut être le reflet des ambitions des parents : donner un prénom français à ses enfants alors qu’on est étranger pour lui faciliter son intégration. D’autres se laissent entrainer par les diktats de la mode et optent pour les prénoms les plus populaires. Enfin, depuis la loi de 1993, il est même possible d’inventer un prénom pour son enfant ! Toutefois, il convient de faire ce choix de manière avisée car c’est l’identité qu’un enfant portera toute sa vie.
Bien choisir un prénom
Idéalement, le choix du prénom doit se faire à deux car cela permet d’y réfléchir posément et de s’interroger mutuellement sur ses éventuels fantasmes et projections. Autre point fondamental, il faut penser à l’impact qu’aura le prénom sur l’enfant. Votre choix peut en effet entraîner une gêne : moqueries des camarades, obligation de répéter plusieurs fois le prénom pour être compris, de l’épeler systématiquement... Pensez également au diminutif et à l’association avec le nom de famille qui peuvent s’avérer peu adéquats.
De même si vous choisissez le prénom d’un de vos aïeuls, éviter de donner le prénom d’un aïeul décédé pour éviter les comparaisons négatives, surtout si l'ancêtre en question est mort tragiquement. Enfin, il est également déconseillé de donner à son enfant le prénom de celui qui n’a pas survécu lors d’une précédente grossesse. Cela peut être désastreux pour sa construction psychique. En bref, pensez au bien-être de votre enfant et à son avenir et évitez de projeter votre passé ou vos ambitions sur lui dès la naissance.
Et vous, que pensez-vous du choix de votre prénom ou bien comment avez-vous choisi le prénom de vos enfants ? N’hésitez pas à nous faire part de votre expérience.
Photo © Fotolia – Auteur : Stefan
charlotte4575, 06/21/2018