Faire de ses regrets une force !

Faire de ses regrets une force !

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Nul n’est malheureusement épargné par ce sentiment amer et pesant qu'est le regret. Comme l’exprime si bien l’auteur américain Douglas Kennedy, « on finit toujours par tout regretter. C'est l'essence de ce qu'on appelle la condition humaine. J'aurais pu mais je ne l'ai pas fait, je voulais mais je me le suis interdit. On en revient toujours à ça ». Comment définir le regret et par quels mécanismes émerge-t-il ? Touche-t-il des personnalités en particulier ? Quels regrets sont les plus douloureux ? Y a-t-il un moyen de détourner ce sentiment acerbe pour en faire une force ? Petit tour d’horizon …

 

Comprendre le regret … 

Nous nous lançons dans la vie, pour la plupart d’entre nous enthousiastes, nourris de rêves et d’idéaux que nous espérons bien accomplir.  Or, nous sommes souvent rattrapés par la réalité qui nous contraint à devenir pragmatiques. Nous agissons alors parfois sans prendre en compte nos besoins et désirs profonds, ce qui nous amène par la suite à éprouver ce sentiment de regret que le Larousse définit ainsi : « mécontentement, contrariété, déplaisirs causés par quelque chose que l'on déplore, par la non-réalisation d'un désir, d'un souhait ». Cette notion de « non-réalisation » induit d’emblée une attitude attentiste, contrairement au « remord » que le même dictionnaire définit comme une « vive douleur morale causée par la conscience d'avoir mal agi ». Le remord est donc au contraire « actif » mais l’action effectuée engendre un sentiment de culpabilité lié à un geste inapproprié, voire irresponsable.

Du regret, émane donc davantage de passivité. Plusieurs raisons peuvent expliquer que nous n’ayons pas agi  : nous avons été empêché par une tierce personne ; nous nous sommes nous-même réfréné à cause de notre éducation, des convenances sociales ou d’un manque de courage. Il arrive aussi souvent que nous ayons préféré privilégier la raison plutôt que de laisser parler notre cœur ou au contraire que nous n’ayons pas réussi à mettre des limites qui auraient été salvatrices pour nous.

 

… et en déchiffrer ses mécanismes

Nous avons généralement tendance à embellir le passé et avons du mal à recontextualiser certaines situations qui nous ont poussé à prendre, ou pas, une décision. Ce qui peut donner une réflexion comme « j’aurais dû poursuivre ma relation avec Laurent qui était si charmant, charismatique, imprévisible au lieu d´épouser Jean-Michel qui m’a certes apporté le confort et la sécurité mais dont je me suis séparée après deux décennies de mortel ennui … ». Certes mais peut-être avez-vous oublié, chère interlocutrice, que Laurent était aussi jaloux, sanguin et peu fiable…

La vie est courte et peut être comparée à une pièce de théâtre qui ne se jouerait qu’une seule fois ; il est alors difficile, d’autant plus quand on est jeune et inexpérimenté, de prendre les bonnes décisions. On ne saura jamais ce qu’aurait été notre vie si on avait fait des choix différents. Cette propension au regret est tout de même fortement corrélée au type de personnalité d’un individu. On peut penser qu’une personne négative aura plus tendance à regarder dans le rétroviseur et mettre en exergue les choses à côté desquelles elle est passée qu’un individu optimiste qui vivra davantage le moment présent et fera des projets d’avenir … De même qu’une personne passive pourra se mordre les doigts de ne pas avoir pris telle ou telle décision, un individu perfectionniste aura tendance à ruminer en boucle ses échecs.

 

Les regrets les plus amers

Des études montrent que ce sont davantage les actions inachevées, plutôt que les mauvaises décisions prises qui engendrent le plus un sentiment de malaise. C’est notamment ce qu’on appelle l’« effet Zeigarnik » issu d’une étude, menée en 1930 par une psychologue russe du nom de Blema Zeigarnik. Un cursus universitaire avorté, une amitié non entretenue, un projet d’expatriation refusé par manque d’audace … les occasions manquées sont pléthores ! 

D’autre part, des témoignages recueillis par des personnes en soins palliatifs indiquent que les regrets les plus douloureux peuvent être classés ainsi par degré d’intensité : ne pas avoir davantage fait fi des conventions pour écouter ses envies ; avoir privilégié le travail aux dépens des proches aimés ; avoir trop peu témoigné aux autres de l’amour qu’on leur porte ; ne pas avoir assez entretenu ses relations amicales ; le manque d’audace, de courage.

 

Appréhender les regrets de manière constructive

Si les regrets laissent derrière eux un sentiment de mélancolie, ça n’est pas une raison de refuser de regarder en arrière. A condition d’en tirer le meilleur, car si les regrets sont vains, autant les analyser pour nous permettre d’avancer. Aurais-je dû entreprendre ce projet ? Pourquoi ? Que m’aurait-il apporté ? Cela nous permet d’apprendre à mieux nous connaitre et de ressentir nos besoins profonds. « Pourquoi n’ai-je pas accepté ce poste qui certes, m’aurait demandé d’affiner certaines compétences, mais m’aurait apporté de grandes satisfactions » ? Nous devrions transformer ces rendez-vous manqués en force pour nous améliorer. Si nous n’avons pas été assez présents pour un ami qui en avait vraiment besoin, allons nous excuser et promettons nous de l’épauler à la prochaine occasion… D’autre part, ce sentiment de malaise lié aux regrets devrait nous motiver à vivre le moment présent. La méditation de pleine conscience, promue notamment par Christophe André, est un excellent moyen de se concentrer sur l’instant et retrouver une sensation de plénitude.

Nous pouvons penser qu’en vieillissant, les regrets sont plus vifs, et pourtant, grâce à la sagesse et l’expérience, nous parvenons le plus souvent à accepter nos choix et à les regarder avec bienveillance.

 

Qu’en est-il pour vous ? Avez-vous tendance à vous laisser submerger par les regrets ? Si oui, de quels types ? ou êtes-vous plutôt tourné(e) vers le présent et l’avenir ? Avez-vous réussi à faire de vos regrets une force ? Vos témoignages nous intéressent !

 

Photo © Adobe – Auteur : 1st footage

 

 

charlotte4575, 02/29/2024