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Le silence s’impose comme une nécessité dans notre société où le bruit est constant. Nous vivons au milieu d’un torrent de mots et souvent la valeur du silence nous échappe. Trop rare dans notre quotidien, il est nécessaire d’apprendre à l’installer. La nature nous offre cette possibilité. Outre les bienfaits du silence extérieur, nous nous interrogerons sur les nombreuses significations de l’absence de parole. Quelles vertus se cachent derrière le silence ? En quelle mesure est-il un allié puissant dans de nombreux aspects de notre vie ? Creusons un peu.
Le silence extérieur
Le retour au calme dans un monde de bruits relève à la fois d’un désir, d’un besoin d’équilibre, de santé psychologique et même de créativité. Tout juste revenue d’un weekend en solitaire dans les Dolomites, j’ai ressenti un bien-être et une sérénité en me promenant, n’entendant que mon souffle et les arbres bouger un peu. Ce silence si apaisant favorise le recul et la réflexion. Loin des téléphones, des ordinateurs, de la radio ou de la télé, on se reconnecte avec la beauté de la nature et on s’y recharge. Ainsi, les stages dans les monastères et des initiations au zen dans les montagnes attirent de plus en plus d’adeptes : loin d´une existence trépidante et stressante, la vie monastique est lente, silencieuse et propice à une quête spirituelle. Une atmosphère paisible et apaisante y règne. Autre exemple : le silence du désert. Saint-Exupéry écrivait dans Le Petit Prince : « J'ai toujours aimé le désert. On s'assoit sur une dune de sable. On ne voit rien. On n'entend rien. Et cependant quelque chose rayonne en silence. » Se cache-t-il donc toujours quelque chose derrière chaque silence ?
« Le silence est d´or, la parole est d´argent »
Derrière le silence se cachent différentes émotions : des vérités, des illusions, des mensonges, des peurs, des secrets, de la confusion, de l’embarras. N’avons-nous pas tous connu au cours d’une conversation animée le fameux silence nommé familièrement « l’ange qui passe ». Savoir garder le silence s’avère un art fort utile dans une négociation, en diplomatie, puisqu’il en appelle à la finesse de son interlocuteur et à sa capacité à méditer sur votre échange. Autre aspect du silence : le respect. « La minute de silence » nous permet de rendre hommage aux morts et de se souvenir dans un silence méditatif. Dans un tout autre contexte, le silence permet de garder un secret, de respecter la parole ou l´acte de l’autre. Citons par exemple le médecin tenu par le secret médical ou un(e) ami(e) gardant des secrets toute une vie en silence. Dans certaines situations (maladies, problèmes existentiels), le silence permet de prendre conscience de ses maux et de mieux les appréhender. A l’école ou au travail, le silence permet de travailler dans la concentration et le respect de l’autre. De même dans les salles d’attente, les cinémas, ou autres lieux publics. Le silence oblige à se concentrer sur l’essentiel (pas de bavardages superflus). Il favorise la mémoire et stimule l´intelligence. Pythagore disait d’ailleurs que ses disciples faisaient serment de silence pendant leurs cinq années d’apprentissage afin de se dédier exclusivement à l’écoute des savoirs qui leur étaient inculqués.
Pensées et silence
Selon l’écrivain belge, Maeterlinck, « le silence est bruissant de paroles intérieures, nous nous parlons à nous-même. Il est impossible de cesser de penser car nous pensons toujours à quelque chose, consciemment ou inconsciemment ». Lorsque nous lisons un livre, nous ne faisons pas de bruit, pourtant dans notre esprit raisonnent des mots, des phrases, des idées. En fait nous lisons dans notre tête « à voix haute ». Toujours selon Maeterlinck, il est difficile de séparer le silence et la parole. Sans un espace entre les mots, les mots eux-mêmes seraient incompréhensibles : « Les âmes se pèsent dans le silence, comme l’or et l’argent se pèsent dans l’eau pure, et les paroles que nous prononçons n’ont de sens que grâce au silence où elles baignent », affirmait-il. Effectivement ces espaces silencieux entre chaque mot permettent de mettre des repères, de découper chaque mot pour ensuite créer des phrases. Que seraient les pensées sans l’apprentissage de mots, ces signes nous permettant de nous représenter une chose ?
Le silence intérieur ne serait donc pas si silencieux puisque nos pensées sont « bruyantes ». Si ces pensées deviennent trop envahissantes, recourir à des techniques méditatives procureraient un repos salvateur, en écoutant rien, hormis sa respiration.
Qu’évoque pour vous le silence ? Vous autorisez-vous des moments de silence ? Considérez-vous le silence comme salvateur ?
Photo © Fotolia – Auteur : Doris Oberfrank-List
Betty_Nelly, 11/09/2017